Si le vivant a un corps, le mort est un corps en droit. Corps tabou, corps outils, corps artifice . Les diverses acceptions et usages parfois polémiques du corps humain suscitent la réflexion des juristes. Bien que le corps des morts soit réputé disparaître avec la crémation ou linhumation, il nen a pas toujours été ainsi. Certains défunts restent à nos côtés pour les besoins de la science, de lart, de la politique. La question de la place des corps défunts au sein de la société des vivants est marquée tant par son caractère historique que par son incontestable actualité. En effet, au début du XXIe siècle, plusieurs situations ont appelé une réaction du droit. Ainsi, en 2005, des cadavres dembryons sont retrouvés à lHôpital Saint-Vincent de Paul, disséqués, morcelés à des fins de recherche médicale, sans aucune information préalable des familles et, en 2008, les difficultés rencontrées par les juges sagissant du traitement juridique des cendres obligent le législateur français à consacrer un article 16-1-1 au sein du Code civil afin daffirmer que respect, dignité et décence sont dus au corps même après la mort. Lexposition de corps plastinés organisée en 2009, permise à Montréal, mais interdite en France par les juridictions judiciaires, relance les débats, dans lesquels sinscrit, au Québec, le projet de loi 66 intitulé Loi sur les activités funéraires, sanctionné en 2016. La présente publication contribue à soulever des réflexions et à proposer des réponses à ces nouvelles problématiques. Elle est le fruit de trois séries de conférences engagées en avril 2012 à linitiative dAlicia Mâzouz dont le premier volet, à la Sorbonne, portait sur « les vocations didactiques des corps des défunts ». Le deuxième volet, organisé par Mariève Lacroix en mars 2013 à lUniversité dOttawa, portait sur « le corps tabou des morts et sur les usages juridiques, politiques et médicaux de ces corps ». Un troisième volet portant sur « les cadavres interdits », consacré à divers interdits juridiques, sest déroulé à lUniversité de Cergy Pontoise, sous la direction de Valérie Ménès-Redorat, en 2014. Le présent ouvrage rassemble les textes des auteurs suivants : Charline Petit Fournier Mariève Lacroix Alicia Mâzouz Mitchel Fortin Arnaud Degouzon Valérie Ménès-Redorat Dominique Luciani Mien